Boubacar Barry(1943-) est un universitaire sénégalais,professeur d'histoire moderne et contemporaineà l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar.BiographieNé le 4 mai 1943, Boubacar Barry est à l'origine, en 1988, de la dénomination « École de Dakar », appliquée aux historiens sénégalais qui se sont inscrits dans la mouvance de l'égyptologue Cheikh Anta Diop à partir du milieu des années 1950.Écrits(fr) En collaboration avec Thierno Diallo, Mame Bara M'Backé et Mirjana Trifkovic, Catalogue des Manuscrits de l'IFAN, 1966(fr) Le royaume du Wâlo du traité de Ngio en 1819 à la conquête en 1855, 1968 (Mémoire de Maîtrise)(fr) Le royaume du Waalo : le Sénégal avant la Conquête, 1972 (Thèse)(en) Relations between central and regional power: the importance of local rebellions in the history of Fuuta Jaaloo in the 19th century, 1976(fr) Bokar Biro : le dernier grand almamy du Fouta Djallon, 1976(fr) La Sénégambie du XVe au XIXe siècle : traite négrière, Islam et conquête coloniale, 1988(fr) En collaboration avec Leonhard Harding (dir.), Colloque international "Commerce et commerçants en Afrique de l'Ouest : l'exemple du Sénégal et de la Côte d'Ivoire", 1992(fr) Les États-nations face à l'intégration régionale en Afrique de l'Ouest, tome 1, Le cas du Bénin, 2006(fr) L'exemple sierra léonais de rétablissement de la paix et de l'État de droit, 2007(fr) Les États-nations face à l'intégration régionale en Afrique de l'Ouest, tome 2, Le cas du Mali, 2007(fr) Les États-nations face à l'intégration régionale en Afrique de l'Ouest, tome 3, Le cas du Sénégal, 2007(fr) Les États-nations face à l'intégration régionale en Afrique de l'Ouest, tome 4, Le cas du Niger, 2007
DIEUDONNE GNAMMANKOUDieudonné Gnammankou,désormais appelé Alkali Gnammankouest historien, philologue slavisant, chercheur en histoire africaineet spécialiste de la diaspora africaine en Europe.Le 05 juin 2010, il a été élevé à la dignité d'ALKALI de Logone Birni (Cameroun), Juge et Conseiller juridique du Sultan de Logone Birni, Sa Majesté Mahamat Bahar Marouf. Quinze ans auparavant, le 02 juin 1995, Dieudonné Gnammankou avait publié un article qui fit sensation dans les milieux littéraires russes : il annonçait dans les colonnes du quotidien gouvernemental russe, Rossyskie Vesti, que le général noir Hanibal, bisaïeul du poète Pouchkine était un Camerounais originaire de la cité historique de Logone Birni.Il a co-dirigé avec Yao Modzinou l'ouvrage collectif, Les Africains et leurs descendants en Europe avant le XXe siècle, MAT Editions, Toulouse. Un livre qui révèle que l'Europe a connu des dizaines de Barack Obama dans son histoire ancienne, de l'époque romaine au XVIIIe siècle, avant que le racisme et les préjugés nés de la traite européenne des Nègres et l'esclavage ne prennent le dessus sur le mérite et le statut social des Noirs européens.Une invitation à la découverte de l'histoire des Africains en EuropeAprès avoir soutenu en 2000 à l'EHESS-Paris une thése de doctorat d'histoire sur la présence africaine en Russie du XVIIe au début du XXe siècle, Dieudonné Gnammankou a publié de nombreux articles, chapitres de livres et d'encyclopédie, sur la diaspora africaine en Europe.A la suite d'un colloque international organisé fin 2005 par La Maison de l'Afrique à Toulouse dont il est le coordinateur scientifique, il co-dirige avec Yao Modzinou un ouvrage collectif paru end écembre 2008 chez MAT Editions, Toulouse) auquel ont contribué 22 historiens européens, africains et américains sur Les Africains et leursPARU EN DECEMBRE 2008: LIRE L'INTRODUCTION DE CET OUVRAGED.Gnammankou fut l'un des rares historiens français sollicités en 2002 par l'Université de Yale (USA) pour contribuer à la rédaction de la première encyclopédie des diasporas parue en 2004 sous le titre: Encyclopedia of Diasporas, Immigrant and Refugee Cultures Around the World, M. Ember, C.R. Ember, I. Skoggard (Ed.), HRAF (Yale University) & Kluwer Academic/Plenum Publishers (New York, Boston, Dordrecht, London, Moscow).Il est historien-consultant sur les Relations anciennes entre la Russie et l'Afrique, sur les Africains en Europe et dans l'Empire ottoman. Dans le cadre d'une co-production internationale (France, Belgique, Allemagne), il est actuellement consultant historique et co-scénariste d'un film de long métrage cinéma adapté de son livre sur la vie du général africain de la Russie impériale, Abraham Hanibal. Production Fly Time Pictures (France).En mars 2005 dans le cadre du Festival Banlieues bleues, David Murray, chanteur de jazz mondialement connu s'est inspiré des travaux de Dieudonné Gnammankou sur Pouchkine pour réaliser avec la participation de l'écrivain Blaise N'Djehoya et l'acteur américain Avery Brooks, une création musicale sur Pouchkine, qui connut un grand succès.De 1994 à 1999, D.Gnammankou a participé en qualité d'Expert associé au Programme Unesco "La Route de l'esclave" (The Slave Route Programme), à divers colloques sur la traite négrière et l'esclavage organisés par l'Unesco à Ouidah, Paris, Pointe-à Pitre, etc...Il est l'un des co-auteurs de l'ouvrage, La chaîne et le lien, unevision de la traite négrière, dirigé par Doudou Diène (Paris, Editions Unesco, 1998). Ses travaux sur l'origine camerounaise de Pouchkine ont mis fin à un siècle de polémique en Russie.MEDIA_UID_bv000004.lkdoc.dieudonne-gnammankou-historien-de-lafrique-et-de-sa-diaspora2.wmvConférencier international, Dieudonné Gnammankou est régulièrement invité dans des universités et institutions américaines, africaines, françaises et russes: ENS et Université de Maroua (Cameroun), Paris IV-Sorbonne, Harvard University, Boston University, Howard University, Foreign Service Institute, Florida International University (FIU), Bowling Green State University, Ecole Normale Supérieure de Yaoundé, (Cameroun), Université du Mali à Bamako, Le Center for Advanced Studies of African Society (CASAS, Afrique du Sud), L'Université de Tunis-Carthage, Le Festival International du Film d'Histoire de Pessac (France), Le Centre Culturel Russe de Paris, Le Musée Balzac de Paris, L'Université de Nantes, L'Institut Municipal & Institut Ebena d'Angers, L'Université de Toulouse, L'EHESS-Paris, L'Université de Paris VIII, L'Institut d'Afrique de l'Académie des Sciences de Russie à Moscou, La Fondation Russe pour la Culture, Le Musée National Pouchkine de St Pétersbourg, le Centre Culturel Français de Moscou, etc.Il est l'auteur de nombreux articles parus dans les revues scientifiques et universitaires, de préfaces, chapitres de livre et d'encyclopédie, d'une traduction littéraire d'un récit de voyages d'un Africain en Russie en 1896, et des livres, Abraham Hanibal, l'aïeul noir de Pouchkine, Pouchkine et le Monde Noir.PUBLICATIONSA paraître :-Préface et Commentaires de Dieudonné Gnammankou, Le Nègre de Pierre le Grand, Alexandre Pouchkine, Editions Dagan, Traduit du russe par Rostislav Hofmann, mars 2011.::DERNIERES PUBLICATIONS (liste non exhaustive)**-Chapitre de livre: "Pouchkine, l'Afrique et la littérature russe", in Figures tutélaires et textes fondateurs, Sous la direction de Beïda CHIKHI, PUPS (Presses Universitaires de Paris-Sorbonne), 2009• Dieudonné Gnammankou et Yao Modzinou (Sous la dir. de) Les Africains et leurs descendants en Europe avant le XXe siècle, MAT Editions, 2008, 435p, 43 illustr.• Pouchkine l'Africain, in L'Histoire, avril 2008• Préface de livre: L'Art nègre , de Vladimir Markov, Traduit du russe par Nathalie St Jean Lecompte, Paris, Monde Global, Juin 2006• Préface de livre: Jacobus Eliza CAPITEIN, Etude critique sur un Africain du XVIIIe siècle, de Kwesi Kwaa PRAH, Paris, Présence Africaine, Décembre 2005• Article: "Contributions africaines à la Russie impériale aux XVIIIe et XIXe siècles" in Les historiens africains et la mondialisation, I. Mandé et B. Stefanson (Eds), AHA/Karthala/ASHIMA, Bamako, Paris 2005• Article : "Soldats, esclaves et savants. La présence africaine en Europe de l'Antiquité à la fin du XIXe siècle" in Traces noires de l'Histoire en Occident, Africultures, N°64, Juillet-Sept. 2005• Chapitre de livre: "La traite des Noirs en direction des territoires ottomans d'Europe centrale et des bords de la Mer noire aux 18e et 19e siècles", in Kwesi Kwaa PRAH (Editor) Reflections on Arab-led Slavery of Africans, CASAS Book Series N0.35, Cape Town, 2005.• Chapitre d'encyclopédie: "The African Diaspora in Europe" in Encyclopedia of Diasporas Immigrant and Refugee Cultures Around the World, M. Ember, C.R. Ember, I. Skoggard (Ed.), HRAF (Yale University) & Kluwer Academic/Plenum Publishers (New York, Boston, Dordrecht, London, Moscow), 2004• Article: "1802-2002 Bicentenaire de la naissance d'Alexandre Dumas. Dumas au Panthéon" in Revue Présence Africaine, 2003.• Traduction littéraire: Mon voyage en Russie et en Sibérie, exceptionnel récit de voyage écrit en 1896 par l'auteur swahili Salim bin Abakari, in Caravanes: Littératures à découvrir, Paris, aux Editions Phébus, 2003.Source : http://GNAMMANKOU.COM
KANGUE EWANE
LE PROFESSEUR KANGUE NOUS LIVRE LE FOND DE SA PENSEEProblématique de notre Identité Culturelle dans le grand SAWA.Par le Professeur KANGUE EWANEOrganiser des journées, des séminaires et des colloques culturels et traditionnels et les limiter à la présentation plus ou moins bruyante des danses, des mets, des instruments de musique, des masques et autres ustensiles et peintures tels que nos ancêtres sont supposés les avoir utilisés en leur temps, c´est déjà beaucoup. Mais c´est nettement insuffisant. Ne faire uniquement que cela, c´est couper la culture de ses racines, c´est la priver de sa seve vivifiante, c´est programmer, inconsciemment, non seulement sa mort, mais aussi celle de la communauté à laquelle elle donne l´existence.Je ne puis m´empêcher d´exprimer avant tout ma sincère et fraternelle reconnaissance à Monsieur le Délégué du Gouvernement, premier artisan de ce premier festival culturel BAN BI NGOH et NSONGO.Il sait pourquoi.En effet il connaît les peines qu´il se sera données pour me chercher et me retrouver dans le petit espace où j´ai décidé de passer le reste de mes jours à tirer les leçons de mes multiples expériences ; à vivre en parfaite conformité et harmonie avec mes inébranlables convictions personnelles selon lesquelles je ne suis pas né pour moi, je suis né pour les autres, et réciproquement : condition sine qua non de toute vie harmonieuse dans la société.Monsieur le Délégué du Gouvernement aura, en outre, réussi à me convaincre de modifier mon emploi de temps préalablement établi, pour venir m´associer à mes soeurs et frères, en cette circonstance, et leur faire-part du regard que je porte actuellement, comme homme de réflexion et de méditation, sur ma communauté, dans son articulation avec les autres communautés qui font avec elle le pays où nos parents ont vécu, hier, dans lequel nous vivons nous-mêmes aujourd´hui, et où nos enfants devront vivre demain, selon la vieille formule de nos ancêtres les Egyptiens :• L´hier m´a enfanté,Voici qu´aujourd´huiJe crée les demains.Ce n´est pas un enseignement qu´il m´a appelé donner; je n´en suis pas digne devant cette auguste assemblée.Ce n´est pas non plus un discours qu´il m´a demandé de prononcer: d´autres sont mieux placés que moi pour le faire, et je ne nourris aucune ambition ni de me faire admirer, ni de m´attirer quelque client que ce soit.C´est une simple réflexion méditative faite à haute voix. Elle porte sur la problématique de notre identité culturelle collective dans le grand ensemble SAWA. Cette réflexion méditative pourra peut être susciter des réflexions méditatives analogues quant à ce que, actuellement, l´histoire attend de chacun de nous, de chaque fille et fils de ce pays en ce début du III e millénaire.Il ne se passe plus de jour sans qu´on n´entende parler de la culture. Quand ce n´est pas à la radio, c´est à la télévision ou dans des colloques et conférences soit nationaux, soit internationaux. Notre rencontre ici à NKONGSAMBA, en ces jours, constitue une parfaite illustration. Très souvent, au «culturel » est ajouté le «traditionnel».Le «culturel » et le «traditionnel » occupent tellement de place, surtout dans nos pays, dans les préoccupations des femmes et des hommes, toutes classes et catégories confondues, que j´ai commencé à m´inquiéter quelque peu et à me poser des questions. Surtout au regard de ce que je vois chaque fois que l´on veut ainsi célébrer le «culturel » et le «traditionnel » : quelques instruments de musique, les danses, les mets, les tenues souvent multicolores, le tout sur le fond d´exposition d´objets dits d´art : masques multiformes, ustensiles de toutes sortes, peintures diverses, tous estampilles «traditionnel ».De quoi s´agit-il en fait ? Que recherche-t-on au juste ? Il me parait de plus en plus évident qu´il y a comme une dérive, une simplification extrêmement dangereuse d´une réalité qui est beaucoup plus dense et complexe, une réalité qui constitue par ailleurs le noeud de la vie dans toute société.Organiser des journées, des séminaires et des colloques culturels et traditionnels et les limiter à la présentation plus ou moins bruyante des danses, des mets, des instruments de musique, des masques et autres ustensiles et peintures tels que nos ancêtres sont supposés les avoir utilisés en leur temps, c´est déjà beaucoup. Mais c´est nettement insuffisant. Ne faire uniquement que cela, c´est couper la culture de ses racines, c´est la priver de sa seve vivifiante, c´est programmer, inconsciemment, non seulement sa mort, mais aussi celle de la communauté à laquelle elle donne l´existence. Il y a des lors problème.Toute culture en effet, dans quelque communauté qu´elle soit pratiquée, en Afrique, en Amérique, en Asie comme en Europe, comporte à la fois une âme et un corps, des éléments invisibles et des éléments visibles. Ceux-ci n´existent que par ceux là, et c´est leur parfaite union qui donne naissance à la vie et à la survie du groupe, de la communauté. Notre compatriote, Emmanuel SOUNDJOCK a bien donné ce mélange des éléments visibles et des éléments invisibles lorsqu´il a vu dans toute culture :« L´ensemble des faits et gestes d´un groupe d´hommes ; la manière dont ce groupe d´hommes conçoit, organise et conduit son existence quotidienne et millénaire ; les gestes et les paroles employées pour demander la main d´une jeune fille, l´introduire dans sa maison et sa famille, s´unir à elle ; l´ensemble des interdits ou des régimes alimentaires qui accompagnent la grossesse ; initié et introduit dans la société des adultes ; les rites thérapeutiques et funéraires ; le système économique et le système technologique. La culture, c´est toute cette grâce à quoi et par quoi l´homme existe et subsiste, c´est l´arsenal des moyens techniques et mystiques qui assurent vie et survie à l´homme et au groupe ». [in Affirmation de l´identité; culturelle et la formation de la conscience nationale dans l´Afrique contemporaine, Paris, UNESCO, PUF, 1981, P. 177]Qu´est-ce que cela veut dire simplement et pratiquement ? Plusieurs choses. D´abord que toute communauté humaine, qu´elle soit constituée de Blancs, de Noirs, de Rouges ou de Jaunes, vit, survit par et grâce à sa culture.Ensuite que cette culture est faite d´un ensemble d´éléments dont certains sont techniques et visibles, et d´autres mystiques et invisibles, renvoyant à l´être Suprême dont le nom varie selon les milieux.Ainsi, par exemple, la façon de danser, de contracter le mariage en se conformant à certaines étapes ; la façon d´entretenir une grossesse et d´accueillir le bébé qui vient au monde et reçoit un nom ; la façon de traiter les maladies, d´entretenir et d´enterrer un mort ; la façon de cultiver un champ, de tendre des pièges ou de pêcher le poisson ; la façon enfin de fabriquer une pirogue ou un banc, tout cela qui est visible et de l´ordre naturel, est sous-tendu, de l´intérieur, par une certaine inspiration mystique, une référence plus ou moins consciente à quelque chose d´invisible, de surnaturel, également de l´ordre culturel.Ceci est vrai pour la communauté des BAN BI NGOH et NSONGO ; ceci est vrai pour toutes les autres communautés du grand ensemble SAWA et toutes celles qui composent notre triangle national, ceci est enfin vrai pour toutes les communautés humaines sous quelque ciel qu´elles vivent.La culture ainsi comprise, comme le noeud essentiel de la vie de toute communauté, ne saurait être un produit instantané. Elle a comme auteurs les ancêtres fondateurs des communautés respectives. Et elle a pour vocation de passer de génération en génération, en recevant des générations successives les éléments d´adaptation nécessaires à leurs contextes respectifs. La culture est alors Tradition, c´est-à-dire un patrimoine communautaire sans cesse enrichi par les apports des générations qui se succèdent. Et l´on peut parler, si ce processus est respecte, d´identité culturelle de la communauté, c´est-à-dire la fidélité à la dynamique de la culture. C´est ici qu´il faut rechercher le secret d´un vrai développement qui ne peut surgir que de l´intérieur et non être parachuté de l´extérieur.Se pose alors le problème qui semble préoccuper les BAN BI NGOH et NSONGO : la culture est-elle ainsi comprise et vécue par leur communauté ? Question que se posent également, avec acuité, les autres communautés de notre triangle national.En dernière analyse, nous pouvons dire que la culture constitue la source, le moteur de la vie et du développement de toute communauté humaine. Pas seulement dans sa partie visible faite essentiellement de faits et gestes comme nous le voyons dans les manifestations organisées pendant ce festival. Mais surtout dans sa partie invisible, spirituelle, qui est la volonté de continuer coûte que coûte l´oeuvre initiée par les ancêtres. en l´enrichissant à chaque instant. Dès lors donc que la vie et le développement d´une communauté accusent quelques défaillances, il y a lieu de s´interroger sur l´identité culturelle, ce que les BAN BI NGOH et NSONGO ont certainement voulu faire.Personne ne pourra nous convaincre que les ancêtres des BAN BI NGOH et NSONGO n´ont pas connu une existence satisfaisante à l´instar des autres communautés de notre triangle national. Même les BAN BI NGOH et NSONGO et les autres compatriotes dont l´âge se situe au-delà des 50 ans ont encore frais à l´esprit la belle époque où le Moungo, du Sud au Nord, de Dibombari au NKAM, était encore justement qualifié de «poumon économique » du pays. Il attirait alors les autres Camerounais du Nord au Sud, de l´Est à l´Ouest, les vestiges de cette grande attraction sont encore là.II n´y avait certes pas, de routes goudronnées ; il n´y avait certes pas des Mercedes et autres grosses cylindrées ; il n´y avait certes pas de maisons marbrées ni autres gadgets de grand luxe. Mais les BAN BI NGOH et NSONGO ainsi que leurs hôtes menaient une existence qui n´avait rien à envier à celle des autres communautés, au contraire, c´est celles-ci qui brûlaient d´envie d´aller les rejoindre. Quel contraste avec le Moungo des dernières décennies du XXe siècle, le Moungo qui a pourtant connu des routes goudronnées, des Mercedes et autres grosses cylindrées, des maisons marbrées et/ou carrelées, ainsi que d´autres gadgets de grand luxe.
Que s´est-il donc passé entre temps ? Il s´est tout juste passé que les BAN BI NGOH et NSONGO, à l´instar de leurs frères et soeurs du grand SAWA ainsi que ceux des autres communautés, se sont tout simplement déconnectés, lentement mais sûrement, de leur culture pour se connecter à une autre sans racine dans leur terroir. Ce qui ne pouvait manquer d´avoir de graves conséquences. Les principes de cette déconnexion d´avec la culture du terroir pour une connexion avec la culture exogène ont été posés avec la rencontre des deux cultures, africaine et européenne au XV et XVI e siècle. Les différences culturelles entre les deux peuples en présence, au lieu d´être perçues comme source de richesses par complémentarité, ont plutôt été interprétées comme signe d´inégalité entre d´une part un peuple supérieur. civilisé, et de l´autre, un peuple inférieur. barbare et sauvage.Tous deux restant néanmoins solidaires parce que crées par le même Dieu. Cette interprétation aura ainsi donné naissance, de la part du peuple supérieur, à ce qu´on appelle la mission civilisatrice. D´après celle-ci : « Les peuples inférieurs qui, en vertu de la solidarité et de la sociabilité humaines ne peuvent se refuser à entrer en contact avec les nations civilisées, sont tenus d´adapter progressivement leurs institutions aux nécessites de la civilisation économique, intellectuelle et morale qui pénètre chez eux >>. [in J.V. DUCATILLON, « Théologie de la colonisation »,Revue d´action populaire, 90 (Juillet-Août 1955), p. 776].C´est ici qu´on comprendra aisément le rôle de l´école. Elle a pour objectif d´une part de déconnecter les petits Africains en général, les petits BAN BI NGOH et NSONGO en particulier de leur culture originelle, de l´autre de les connecter et de leur faire sucer, lentement mais sûrement, les éléments de la partie spirituelle d´une culture propre à un autre terroir. Elle prive ainsi l´enfant de sa partie vitale et substantielle pour ne laisser subsister que les éléments apparents. Elle en fait ce qu´on appelle dans certaines communautés SAWA : « Ekung kung », c´est-à-dire un être sans âme.Que peut-on dès lors attendre d´un tel être vide de sa substance ancestrale et traditionnelle quant à l´édification et au développement de sa communauté originelle ? Rien ou presque. Son idéal et ses projets de vie ne peuvent être que de reproduire, dans son cadre strictement délimité selon les normes de là-bas, tous les faits et gestes du civilisateur.Il pensera avoir atteint cet idéal et être par conséquent heureux s´il porte le nom comme son civilisateur, s´il se loge comme lui, s´il s´habille comme lui, s´il mange et boit comme lui, s´il parle comme lui, si enfin il vit dans un ilot d´opulence loin de la misère de ses frères et soeurs comme lui.La problématique de l´identité culturelle posée par les BAN BI NGOH et NSONGO dans leur connexion avec l´ensemble des communautés SAWA, comme par toute autre communauté du triangle national me parait ainsi être une interpellation à se réconcilier avec la partie spirituelle de la culture, celle là même qui a été initiée par les ancêtres pour donner un sens à la vie dans leur communauté.Source: Actes du KOUPE 98Recherche Bibliographique: Bertand NJOUME
Prince Bétotè DIKA AKWA nya BONAMBELA
Né le 27 janvier 1933 à Douala ,
le Prince Dika Akwa nya BONAMBELA est anthropologue, historien, juriste et homme politique.109ème descendant d´une vielle dynastie africaine,issu d´une famille qui a payé un lourd tribu pour la défense de la cause nationaliste au Cameroun, il est le petit fils du roi DIKA AKWA XI, signataire avec l´Allemagne Impériale du Traité de protectorat du 12 juillet 1884 (qui engagea le Cameroun dans son histoire moderne), et mort en déportation en 1916, neveu du Prince Ludwig MPONDO AKWA, le défenseur de la cause camerounaise au Reichstag de 1902 à 1911 et fusillé par les Allemands en 1914.Son père, le roi BETOTE AKWA a connu à son tour la déportation politique avant de devenir doyen d´âge de I´Assemblée Nationale Camerounaise, Président du Conseil National des Chefs traditionnels et Ministre d´Etat au Cameroun.En 1948, il entame des études secondaires en France. Apres une formation à I´Ecole francaise des cuirs et peaux, il étudie à la Sorbonne. Il est ainsi diplômé en Economie et Sciences Sociales de l´Ecole Pratique des Hautes Etudes de Paris, Docteur en ethnologie.Dans sa vie professionnelle, le Prince DIKA AKWA a été directeur de journaux, chercheur au CNRS de Paris, chargé d´enseignement à la Sorbonne, conférencier à I´Ecole Nationale de Magistrature de Paris, puis assesseur du Directeur de UER. Anthropologie-Ethnologie-Science des religions et Directeur du Centre international de recherches africaines de l´Université de Paris VII, de 1971 à 1974.Rentre dans son pays natal, il est nomme coordonnateur de recherches ethno-sociologiques à I´Office National de la Recherche Scientifique et Technique (ONAREST) et depuis 1983, chef du Département d´Histoire et d´Archéologie à I´Institut des Sciences Humaines. II est également professeur depuis 1979 à l´Université des Mutants au Senegal et directeur de la revue « Le Mutant d´Afrique ».Son oeuvre scientifique s´étale sur une trentaine d´années et seize ouvrages. II a déjà apporté une contribution déterminante à la science en renouvelant I´ethnologie religieuse, en mettant sur pied une nouvelle discipline, I´universologie, une méthode nouvelle, le MULONGI /ou méthode architecturale, la Logique Filialetique, mais aussi des efforts de reconstitution originale d´une histoire des peuples noirs vue de I´intérieur.Parallèlement, il s´est assumé dans une longue et patiente initiation au sein des confréries traditionnelles de son pays. Cette composante de sa personnalité, jointe à son background familial, a été I´un des ressorts de son entrée précoce sur la scène politique africaine.II se signale des 1951 dans le mouvement estudiantin et en 1954 par la création du journal Kaso. En 1956, il est secrétaire du Comité politique du Courant d´Union Nationale qui rassemble les forces vives du Cameroun. II se retrouve ambassadeur itinérant du mouvement nationaliste de son pays en Asie et au Maghreb. En 1957, pétitionnaire à la tribune des Nations Unies à New York, il réclame I´indépendance et la réunification du Cameroun. En 1958, il préside le Comité économique de la conférence de solidarité des peuples afro-asiatiques au Caire. Bientôt, en avril 1958, il est I´hôte du Neo-Destour en Tunisie et celui du FLN en Algérie. Le Président Gamal Abdel NASSER lui ayant accorde I´asile politique, il doit mener de front I´afroasiatisme et le panafricanisme. II fonde alors la force de libération africaine avec Abdel KRIM, le vainqueur du Rif. Ensuite, établi à Accra, sous les auspices de NKWAME N´KRUMAH, il devient I´un des onze secrétaires du Comité directeur de la «All African Peoples Conférence». Le voilà tour à tour en Guinée et au Liberia, accueilli par les Présidents SEKOU TOURE et WILLIAM TUBMANN.Rentre au Cameroun, le Prince DIKA AKWA fonde le CORECA (Comité pour la réunification du Cameroun). II prend la tête de la Force de libération nationale du Cameroun (FNLCAM). Apres I´amnistie de 1959; il devient I´un des leaders de la réconciliation nationale, puis secrétaire du Comité politique des forces vives de I´opposition. En 1960, il est élu secrétaire à I´Organisation et à la propagande de I´UPC légale et enfin il accède au Premier secrétariat en novembre. En janvier 1961, il est arrêté pour «atteinte à la sûreté intérieure de I´Etat». Condamné à perpétuité dans une enceinte fortifiée, il est déporté et libéré en 1965 après une détention dans douze prisons et vingt-six brigades. Son retour en France lui permet de se consacrer dès lors à la vie universitaire et scientifique. Entre temps, il adhère à I´UNC, parti unique au pouvoir, mais il plaide pour la démocratie.35 années d´une vie foisonnante d´expérience publique multiforme ont façonné en lui une extraordinaire faculté à transcender les clivages politiques et la conviction d´un indispensable dialogue de fond entre les civilisations.